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Page:Raoul - Trois satiriques latins, vol 1 Juvénal, 1842.djvu/151

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Que vient-on m’annoncer ? quoi ! mon amant sommeille !
Allez, que par mon ordre à l’instant on l’éveille,
Qu’il accoure. Il hésite ! esclaves soyez prêts.
Point d’esclaves ! eh bien, un rustre, un porte-faix.
Point d’homme ! En son dépit, Pasiphaé nouvelle,
Un époux mugissant pourrait approcher d’elle.

Plût au ciel que du moins ces transports odieux
N’eussent jamais souillé les autels de nos dieux !
Mais, des bords africains aux rivages du Gange,
Qui n’a point su comment une chanteuse étrange,
Du signe triomphant de sa virilité,
Surprit l’asile saint de la pudicité ;
Cet asile où, fidèle à de chastes usages,
D’un sexe différent on voile les images,
Et dont le rat timide et prompt à se cacher,
Avec un testicule aurait peur d’approcher ?
Quel mortel autrefois, quel railleur incrédule
Eût tourné de nos dieux le culte en ridicule ?
Quel impie eût osé du second de nos rois
Mépriser l’humble argile et les vases de bois,
Et la soucoupe noire, où, dans les sacrifices,
De la liqueur sacrée il versait les prémices ?
Maintenant quel autel n’a pas son Clodius ?
J’entends, mes vieux amis : des barreaux, des argus !
Mais par qui ferez-vous garder vos sentinelles ?
Une femme est adroite et commence par elles.



De la corruption qui gagne tous les rangs,
L’opprobre n’admet plus de degrés différents.
Plébéiennes à pied, matrones en litière,
Toutes de la décence ont franchi la barrière.
Voyez Ogulnia : pour assister aux jeux,
Elle prend à loyer des habits somptueux,
Une chaise, un cortège, et jusqu’à l’intrigante,
De ses ordres galants messagère élégante !
Du bien de ses aïeux ce qui lui reste encor,