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souvent, ayant plus de chances de victoire qu’une organisation fédéraliste, surtout dans les pays où l’action légale rencontre de sérieuses difficultés.


XV

On croit généralement que les paysans sont inaccessibles à la propagande socialiste. Pierre Lavroff le conteste. Il invoque l’Angleterre où les ouvriers paysans peuvent être assimilés aux ouvriers industriels. Il constate le succès de la propagande socialiste dans les provinces agricoles de l’Italie. Mais, même dans les pays où les paysans, en tant que classe, sont réactionnaires, il est nécessaire de désagréger ce bloc par une propagande habile en formant des individus et des groupes socialistes.

Les partis politiques bourgeois qui défendent les libertés élémentaires peuvent être d’une grande utilité pour le parti socialiste en favorisant son action et sa propagande. Tout en gardant jalousement son indépendance, le parti socialiste n’a pas le droit de se déclarer hostile à ces éléments démocratiques. Pierre Lavroff cite l’exemple des radicaux français. Ceux-ci sont des alliés, malgré eux, du socialisme.

L’action politique est nécessaire et utile pour le parti socialiste. Il ne peut faire triompher son idéal socialiste que par la conquête du pouvoir politique par la classe ouvrière. La transformation sociale est impossible sans la transformation politique qui la prépare. Le parti socialiste a non seulement un programme économique clair et défini, mais aussi un programme politique. Les partis socialistes sont même parfois obligés, en présence des défaillances des autres partis, de prendre l’initiative du combat pour les droits politiques élémentaires, qui sont absolument nécessaires à l’action socialiste. D’autant plus que toute lutte contre le pouvoir politique établi est, en même temps, une lutte contre les formes traditionnelles de la société et, par cela même, très utile au progrès. Pour se garder de la corruption des sphères parlementaires, il est nécessaire que les socialistes considèrent comme leur devoir de souligner leurs principes et les considérations qui les forcent à combattre provisoirement sur le terrain des libertés politiques.


XVI

Mais, en combattant nos adversaires par tous les moyens, ne risquons-nous pas de trahir nos principes humanitaires, notre morale socialiste, supérieure à tous les systèmes de la morale régnante ? D’abord, Pierre Lavroff déclare nuisible et immoral pour notre parti