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Page:Rappoport - La Philosophie sociale de Pierre Lavroff.djvu/47

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vérité à tous ceux qui sont encore contre toi par erreur et par inconscience… Ils sont tes frères, exploités par tes ennemis. Les uns se réveilleront demain à ta parole, les autres seront réveillés par la révolution sociale.

Mais tous peuvent participer à l’union fraternelle de la société future. Et la vie de celui qui peut devenir ton frère doit t’être plus précieuse que la tienne. Tiens haut et ferme ton drapeau qui est celui du travail et de la justice. Ce drapeau doit rester pur. Pas une goutte de sang inutile ne doit le salir… Sans une nécessité extrême tu n’as pas le droit de risquer la pureté morale de la lutte socialiste. Un propagandiste du socialisme qui vit de son travail et donne tout son temps disponible à l’organisation socialiste révolutionnaire est le meilleur combattant contre la spoliation capitaliste, le meilleur ouvrier du règne du travail et de la justice…

Telle est la conception socialiste de Pierre Lavroff. Nous laissons ici de côté son application pour le mouvement socialiste russe auquel il a donné toutes ses forces. Toute la vie de ce grand penseur, de cet apôtre du socialisme révolutionnaire témoigne que les idées socialistes développées par lui étaient des vérités pour lui et pour plusieurs générations de socialistes russes qui ont scellé de leur sang et de leurs souffrances surhumaines leur fidélité inébranlable aux principes de la morale socialiste que je viens d’exposer — pas assez complètement, je l’avoue.


XVIII

Nous croyons pourtant avoir démontré que la théorie socialiste de Pierre Lavroff est identique dans sa méthode avec le socialisme intégral. En effet, il en remplit toutes les conditions en réunissant les quatre éléments dont j’ai parlé au début de mon article : l’intégralité du but ; l’intégralité des moyens ; l’intégralité des motifs, l’intégralité philosophique.

Comme but Pierre Lavroff réclame la transformation radicale et complète des bases économiques et sociales de notre régime, la suppression totale de la propriété privée et de l’État actuel avec toutes ses institutions. La coopération doit remplacer la concurrence. La lutte contre les forces aveugles de la nature se substitue à la lutte dégradante entre les hommes. La fraternité et la paix universelles, le développement universel dominent souverainement le nouveau monde socialiste. La dignité de l’homme, la solidarité, font loi dans les relations humaines. La justice et le travail triomphent.

Pour atteindre ce but suprême tous les moyens sont bons : propa-