Page:Rapport final sur les droits de l'homme et l'extrême pauvreté, présenté par le Rapporteur spécial, M. Leandro Despouy.djvu/17

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62. Ces estimations, au-delà de leurs disparités et de leurs insuffisances évidentes montrent que dans la mesure où on a une meilleure compréhension de la pauvreté les chiffres font apparaître une aggravation du phénomène et cela non seulement dans les pays en développement mais aussi dans les pays dits en économie de transition ou industrialisés.

3. Rareté et insuffisance des données sur la pauvreté et l'extrême pauvreté

63. Telles sont dans les grandes lignes, les données dont nous disposons aujourd'hui. Il faut néanmoins se demander les raisons d'une telle insuffisance. Sont-elles d'ordre technique, sociologique ou d'une autre nature ? On constate que même dans les pays industrialisés qui disposent des moyens techniques et financiers pour élaborer des statistiques de qualité, celles-ci ne sont pas en mesure de prendre en compte la partie la plus pauvre de la population. Ainsi, la Commission des Communautés européennes (CCE) souligne, dans son Rapport final du Second programme européen de lutte contre la pauvreté, en date du 13 février 1991, l'imperfection des données concernant la pauvreté qui a pour conséquence une sous-estimation de la pauvreté et plus encore une absence d'estimation de l'extrême pauvreté.

64. Au moins quatre raisons expliquant la rareté et l'insuffisance des données peuvent être identifiées :

a) Les personnes les plus pauvres ne sont pas atteintes pour l'élaboration des statistiques

65. Ainsi, le rapport de la CCE mentionné ci-dessus, signale que les personnes sans foyer en sont exclues et que les nomades, les réfugiés politiques, les immigrés clandestins ou les habitants des bidonvilles sont inévitablement sous-représentés. De même, les personnes hébergées dans les établissements médico-sociaux de toute nature ne sont pas reprises dans les chiffres, alors qu'elles sont vraisemblablement plus pauvres que la moyenne. Dans le cadre d'enquêtes se basant sur un échantillon représentatif de familles d'un pays, les personnes les plus défavorisées ne sont généralement pas interrogées en raison de cette difficulté de les atteindre, constate encore ce rapport.

66. Dans les pays en développement, où nombre de personnes extrêmement pauvres n'apparaissent même pas sur les registres d'état civil, où les moyens manquent pour effectuer des statistiques même sur les secteurs relativement identifiables de la population, celles-ci, lorsqu'elles existent, ne sont absolument pas complètes ni fiables.

b) Les paramètres utilisés ne sont pas adaptés

67. Comme mentionné précédemment, les indicateurs actuels amènent généralement à une sous-estimation de la pauvreté. Le rapport précité de la CCE fait le même constat et précise que les chiffres obtenus dans les enquêtes se fondent sur les dépenses. Or, dans les ménages pauvres, les dépenses dépassent souvent les revenus, car ces ménages sont davantage susceptibles d'accumuler des dettes que de faire des économies. Cela est