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73. Le Sommet mondial de Copenhague a aussi souligné la nécessité d'une meilleure connaissance qualitative dans ce domaine. En effet, dans son Programme d'action il demande que l'on mette au point des indicateurs qualitatifs du développement social (par. 83 h)) et que l'on évalue les changements de niveaux de pauvreté également du point de vue qualitatif (par. 29 b)). Le chapitre III du présent rapport montrera tout l'intérêt d'une telle approche.

74. La conjonction de ces deux approches, quantitative et qualitative, permet une complémentarité indispensable, plus encore que pour d'autres sujets, à une connaissance pertinente de l'extrême pauvreté. Cette dernière étant évidemment elle-même indispensable à la mise en oeuvre de mesures efficaces, comme cela a été demandé à Copenhague.

II. TRAVAUX DES INSTITUTIONS ET ORGANISATIONS INTERNATIONALES SUR LA PAUVRETE

A. Vers un nouveau paradigme : le développement humain durable

75. Traditionnellement, le concept de développement a une connotation avant tout économique. Il définit la croissance d'un pays et s'exprime régulièrement en chiffres, en pourcentages ou en formules mathématiques. Ainsi, durant de nombreuses années, tant les politiques que les économistes et les planificateurs du développement ont utilisé la moyenne du revenu par habitant comme indicateur de la croissance ou de la récession d'un pays avec pour résultat qu'une grande partie des activités nationales de développement ont été concentrées exclusivement sur la croissance économique, négligeant souvent la dimension humaine du développement et l'effet positif des investissements sociaux sur son accélération.

76. Toutefois, ces dernières années, ce concept purement économique, qui identifie d'une manière quelque peu schématique la "croissance économique" au "développement", commence à évoluer et un débat extrêmement intéressant s'est engagé sur la question dans diverses sphères de la vie internationale. C'est ainsi que les derniers rapports du PNUD (Il s'agit des rapports annuels sur le développement humain de 1991 à 1996 établis par le PNUD.) reflètent cette évolution salutaire. Ils associent la croissance économique à d'autres indicateurs humains de base comme l'espérance de vie, l'analphabétisme des adultes, la mortalité infantile, l'égalité des sexes, etc., afin de jeter les bases de la notion de développement humain. Il s'agit en réalité d'intégrer de nouveaux paramètres d'évaluation du développement aussi fiables que les précédents mais beaucoup plus révélateurs de la réalité du progrès économique, social et culturel des peuples.

77. Cet effort de clarification s'inscrit dans une réalité qui est à la fois tangible et vérifiable : toute croissance économique n'est pas nécessairement source de bien-être pour la population tout entière. Il arrive souvent hélas que les progrès que fait apparaître cet indicateur ne profitent pas dans les faits, de manière égale, à toutes les couches de la société. Aussi la croissance doit-elle se faire non seulement en termes quantitatifs mais et surtout en termes qualitatifs. Pour le développement humain, il faut prendre en compte non seulement l'essor économique mais aussi la répartition équitable de ses résultats. Contrairement à ce qui se passe avec les crises économiques qui frappent en général sans attendre et avec plus de force les couches les