Page:Ratel - 0degre cocktail.pdf/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le village brun sous ses toits blancs va happer tous ces jouets, les ranger pour la nuit dans ses tiroirs.

La dernière silhouette qui défile est une petite coccinelle rouge. Ses skis lui font des prolongements immenses et grêles, comme les pattes d’une araignée d’eau.

La coccinelle rouge ouvre l’heure nocturne. Vue de près, elle porte toquet à jugulaire et veste à boutons dorés : c’est le chasseur de ce petit bar américain qui se déguise, planté dans la neige, en maisonnette russe ; on y trouve le caviar de la Volga, la fondue du Jura, cent cinquante sortes de cocktails et Ukulele Lady amplifié par un diffuseur qui prête au phonographe une voix hallucinante de rhinocéros mélomane.

Le barman a dû naguère porter sabots dans les prés à bestiaux du Nivernais ; il