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C’est au tour de la filature de Manchester à jouer. Ce gentleman porte gaillardement la cinquantaine avec une moustache galloise qui grisonne sous un nez noble, mais coloré (whisky ou vent d’hiver ?).

Agenouillé, il balance par trois fois le galet de granit poli — « Ça s’appelle une stoune, explique doctement l’arroseur de la patinoire à un gamin émerveillé… Une stoune. Ça vient d’Angleterre ».

Voilà la stoune lâchée, qui s’en va sur la glace, vers le but en spirale. À ce moment, il est impossible de ne pas s’apercevoir que ce lourd galet luisant, muni d’une poignée nickelée comme un robinet, possède son expression propre — et son indépendance. Il va son train sans hâte, sur la piste unie, avec une dignité, une pondération, une respectabilité…