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Oui… Cela est exquis. Cela, pourtant, ne triomphe pas de souvenirs nostalgiques : l’haleine froide et le ciel flamboyant des crépuscules de Janvier, précédant une nuit brusque et compacte qui engloutissait tout, sauf le reflet livide de la neige.

La vision d’une caravane cheminant à flanc de montagne sous un couvercle de nuages gris : des flocons se mettent à tourbillonner, on ne voit plus rien des distances, on est perdu dans l’infini ; des voix disent : « Quel sale temps ! comment va-t-on descendre ? » et l’on feint d’être ennuyé, mais au fond de soi chacun éprouve un ravissement inexprimable.

Une autre vision, par temps clair : certaine cabane isolée sur un sommet, au milieu du silence, comme au centre d’un cube de cristal. Pas une voix, pas un être.