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milliards d’étoiles, leur seule compagnie. Moines sans le savoir, ils livrent leur chair à la poigne rude de l’hiver, quêteur d’âmes. Ils redescendront fourbus, et joyeux extraordinairement. S’ils n’ont pas pénétré les causes de leur allégresse, qu’est-ce que cela fait ? On ne demande pas aux combattants de comprendre la victoire, mais de la gagner.

Et c’est bien une atmosphère de victoire qui rend si précieuse la morsure des journées claires, des nuits glaciales. On ne se lasse pas de boire à cette coupe de Walkyrie l’illusion de l’absolu, du grand triomphe. Jusqu’au jour où vous envahit l’inquiétude d’un fléchissement. Cette heure qui est entre l’hiver et le printemps, c’est l’heure où l’esprit s’aperçoit qu’il ne se suffit plus à lui-même. Première défaillance, long frisson du découragement.