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LE RAISIN VERT

Voyant son visage, ils se turent, car ils avaient toujours respecté le secret de la maison du champ de seigle.

Le trot d’un cheval de selle qu’un entraîneur menait par la bride éveillait les échos des petites rues désertes et sonores, aux murs faîtés de tuiles, où les derniers jardins vivaient leurs derniers jours. Le vent haut du soir avait dissipé les nuages dans la trame poreuse du ciel sans couleur, vide encore des hirondelles.

C’était une soirée parmi toutes les soirées du monde, banale, unique, avec ses bruits voyageurs et les feuilles sans nombre du silence, chacune recouvrant l’autre, pareilles aux enveloppes sans nombre de l’oignon mûr, dont chacune est suc et substance.

Et chacune se déployait au fond de la maison du champ de seigle, avec le doux bruit du silence, pour nourrir une âme altérée.


fin