tenait sous le sien, mais, un instant après, Antoinette achevait en éclatant de rire :
— Du général Cupidon… cette vieille culotte de peau ! Vieille ganache ! Qu’attend-on pour le limoger ?
Annonciade intervint, s’efforçant à l’enjouement :
— Ton ami Polygone et toi, vous avez un répertoire de comparaisons tout à fait riche. Dans sa dernière lettre, il parlait d’un moutard vicieux échappé des maisons de correction de l’Olympe. Voilà maintenant que le moutard est un vieux général. Pauvre Cupidon ! C’est à se demander, comme Robert, ce qu’il vous a fait.
— Qui est Polygone ? demanda Robert. Ne serait-ce pas ce poète cubiste ou dadaïste que Suzon m’a dit avoir quelquefois rencontré chez vous ?
— Suzon ? Elle ne l’a jamais vu. Mais j’ai lu l’autre jour à mes amies une lettre qu’il m’avait envoyée. C’est sans doute de cela qu’elle a voulu parler. Polygone, en effet, est un poète fantasque. Nous sommes très différents l’un de l’autre et nous nous entendons à merveille. Une de nos plus grandes joies, quand nous sommes ensemble, c’est de dégonfler les baudruches des fausses béatitudes.
— Et l’amour est une de ces baudruches, selon vous ?
— Oh ! là là, quelle montgolfière ! depuis le temps que l’humanité bouche bée la regarde filer dans les nuages, il serait temps qu’on crevât cette panse pleine de vent.
— C’est curieux… murmura Robert qui semblait suivre ses propres pensées plutôt que répondre