être. Est-ce qu’on peut savoir ? Comme disait un jour Suzon.
— Pour que tout soit parfait, continue Robert, il faudrait qu’il y eut en Annonciade un peu plus d’Antoinette. Alors, soyez notre amie à tous les deux, voulez-vous ? Continuez à conseiller ma petite chérie…
(Hypocrite ? non, l’hypocrisie vient de plus haut. Il n’est pas responsable. Et moi, suis-je responsable de ce bonheur honteux, de cette complaisance avec laquelle j’imagine notre ménage à trois ?)
— C’est dit ? Vous viendrez nous voir souvent ?
Si elle répondait : « Non, je n’irai pas vous voir, car il est humainement impossible de supporter sans fléchir l’attrait et la douleur de votre présence… » que se passerait-il ? Ces mots déclancheraient peut-être le cataclysme souhaité : Robert à ses pieds, l’oubli de tout ce qui n’est pas eux pendant quelques instants… et puis ?
Et puis, les compromis, l’organisation d’une bassesse, ou bien des luttes inutiles qui détruiraient ce qu’ils ont pu acquérir l’un et l’autre sans leur apporter la moindre compensation…
— Annonciade n’a plus besoin de moi, dit Antoinette. La situation est renversée. Vous n’imaginez pas le sentiment de supériorité qu’une femme aimée éprouve à l’égard des autres. C’est elle qui donnerait des conseils au lieu d’en recevoir. D’ailleurs, je n’ai jamais cherché à prendre de l’influence sur elle. Vous avez pu croire que je la régentais…
— Non, non, proteste vivement Robert. Je vou-