— Et ce sera comme avant, dis, tout comme avant ?
— (Elle sait bien que non.) Tout comme avant, bien sûr. Pourquoi veux-tu qu’il y ait quelque chose de changé ?
— Robert, tu verras… vous pouvez devenir de très bons amis. C’est possible, n’est-ce pas ?
— Très possible.
— Promets-moi que tu ne seras pas trop, trop triste quand je t’aurai quittée ?
— Je te promets que je ne serai pas trop, trop triste.
— Je ne te crois pas, s’écrie Annonciade avec un brusque désespoir.
— Ma petite Anne, crois-tu que Robert sera bien enchanté de te trouver changée en fontaine ?
La petite sanglote.
— Je m’en fiche ! Je me fiche de tout ! La vie me dégoûte !
— Écoute… j’entends les voitures.
— Oh ! gémit Annonciade avec effarement, quelle tête je dois avoir !
— Les voilà ! crie Suzon, du fond de la salle à manger. Avez-vous fini de faire vos adieux ?
— Suzon ! dis à Robert de monter, on a besoin de lui. Robert tout seul…
— Non, non, pas Robert… Attends que je me mette de la poudre… Oh ! quelle bobine, mes enfants, quelle bobine…
— Que se passe-t-il, demande Robert en arrivant : un drame ?
— Mon cher, dit Antoinette en riant faux, voilà l’occasion de déployer vos talents. Annon-