VIII
Antoinette tira de sa poche la lettre qu’elle avait reçue tout à l’heure et la relut des yeux en souriant.
— Écoute un peu, dit-elle à Annonciade, cette lettre de Polygone.
— Ah ! ce cher Polygone ! Comment va-t-il ? Toujours aussi original ?
— Qu’est-ce que c’est que celui-là encore ? pensa Suzon avec amertume. Finiront-elles par s’apercevoir que j’existe ?
Ce lui fut un baume lorsque Antoinette se tourna vers elle :
— Tu n’as jamais rencontré Polygone à la maison ?
— Je ne suis pas allée très souvent chez toi, répliqua la petite avec une intention si évidente que sa sœur en fut gênée.
— Vous auriez pu vous rencontrer ; mais non, c’est vrai, il ne t’a jamais vue puisqu’il me demande dans sa lettre si tu es aussi jolie que ta sœur.
— Tu lui as donc parlé de moi ?
Premier mouvement ravi, auquel succède une inquiétude qui grandit. Quelle sera la réponse d’Antoinette ? Elle le sait bien, qu’elle n’est pas aussi jolie que sa sœur. Mais que les autres le