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Page:Ratton - Les œuvres post-scolaires, éducation populaire et sociale, 1905.pdf/191

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que les grandes lignes du tableau nous soient détaillées, nous ne tarderons pas à saisir l’intime relation qui les unit, nous voulons dire la douce harmonie qui assure l’homogénéité de toutes les parties, de même qu’elle communique à l’ensemble sa caractéristique et sa beauté propre.

Rappelez-vous les merveilleuses descriptions de ces peintres de la Nature, Bernardin de Saint-Pierre et Chateaubriand, pour ne citer que ces deux illustres écrivains. Leurs principaux ouvrages sont un hymne enthousiaste à la Nature. Doués d’une imagination enflammée, ils ont découvert les secrets mystérieux de l’harmonie naturelle des choses, et la notation exacte, brillante autant que sincère, qu’ils ont laissée de leurs impressions personnelles est bien la preuve admirable de l’éternelle beauté de la Nature !

Il faut donc apprendre à sentir en soi, et point n’est besoin, à cet effet, de se torturer l’intellect devant une œuvre compliquée qui ne nous livrera point, dès l’abord, ni sa signification, ni moins encore sa portée ou son expression morale.

Choisissons, au contraire, quelques sujets élémentaires en face desquels notre faculté de sentir pourra néanmoins s’exercer, jaillir et nous permettre la réflexion. Nous aurons atteint notre but, et si c’est une fleur un bouquet, un jardin, une route ensoleillée, un ruisseau sous les arbres qui ont attiré et retenu notre attention, nous prendrons vraiment plaisir à remarquer d’abord l’éclat des couleurs, la variété des tons, la note gaie des masses verdoyantes et