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Page:Ratton - Les œuvres post-scolaires, éducation populaire et sociale, 1905.pdf/196

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d’une simple figure allégorique pour éveiller en nous un mode de sensations intellectuelles ?

L’art est éducateur. Il est donc aussi moralisateur. Dans un pays de démocratie, il faut élever l’art à la fonction sociale. Il est nécessairement indispensable que, du haut en bas de la masse, son action bienfaisante pénètre largement, et contribue pour une part sérieuse au combat opiniâtre que nous devons, à rangs serrés, livrer à ce mal hideux des publications obscènes, mal qui nous ronge au cœur même de nos espérances, car il tend à ruiner irrémédiablement, au sein de notre belle jeunesse, toute ressource d’énergie et tout sentiment de respect humain.

Les progrès malfaisants, incompréhensibles, et par cela même déconcertants de la presse sans nom rassemblent de plus en plus, dans une même communion d’idées, une foule d’esprits absolument décidés à la lutte nécessaire. Dans plusieurs grandes villes de France, des Comités contre la licence des rues se sont formés, mais leur action n’est pas assez sensible, efficace, car ils s’en remettent seulement aux sévérités relatives des Tribunaux, auxquels ils se contentent de signaler les infractions à la loi. À côté de cette organisation élémentaire, qui accuse néanmoins le souci d’un état de choses contre lequel il est grand temps de réagir énergiquement, il convient de citer le vœu récemment émis au Congrès de la Ligue de l’enseignement, à Tunis, en avril 1904, disant : que la Ligue de l’enseignement doit joindre ses efforts à ceux de la Ligue de la moralité publique