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Page:Ratton - Les œuvres post-scolaires, éducation populaire et sociale, 1905.pdf/32

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le public à assister aux soirées de la Comédie-Française ne l’arrêta point, et, fort de son imperturbable assurance, Ballande répondit victorieusement à son interlocuteur qu’il comptait précisément sur deux innovations pour vaincre cette indifférence, d’ailleurs toute de surface. La première consistait à réduire le prix des places ; la deuxième (et c’était là la trouvaille elle-même) prévoyait que chaque représentation serait précédée d’une conférence, qui permettrait à l’orateur d’initier le public au plaisir et aux beautés de l’œuvre jouée, de façon qu’il puisse la goûter pleinement.

Quoique très prévenu sur toutes les choses de théâtre, Sarcey ne cacha point son étonnement d’une pareille combinaison ! Il admettait si difficilement, dès l’abord, la réussite d’une tentative où venait d’échouer son ami Yung. Le sort de la conférence était, maintenant, à ses yeux, irrémédiablement compromis. Mais ce n’étaient point là des raisons capables de démonter un homme comme Ballande, qui rappela au critique ses campagnes en faveur de la renaissance de la tragédie. Rien n’y fit, cependant, et la précieuse adhésion lui fut refusée.

Le 17 janvier 1869 cut lieu la première conférence à la Gaieté. On y jouait le Cid.

Malgré une température pitoyable, la salle était comble d’un public tout spécial et composé de collégiens et de leurs familles, de petits bourgeois, d’ouvriers et aussi de nombreux promeneurs, bien aises d’occuper leurs loisirs. À l’heure indiquée, le rideau se leva sur l’immense scène, au bord de laquelle se remarquait seulement une table, avec un verre