Page:Rauch - Plan nourricier ou Recherches sur les moyens à mettre en usage pour assurer à jamais le pain au peuple français, 1792.djvu/102

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jusqu’à l’époque de leur chute, à celles qui leur ont succédé sur le vaste théâtre du monde, n’a pas encore été imité par les différens peuples de l’Europe, qu’on ne peut encore appeler que policés ; si les entrailles de nos ancêtres, celles de nos pères, n'ont pas été assez vivement émues à l’aspect douloureux des horribles catastrophes que leur barbare négligence a laissées produire presque périodiquement tous les dix ou douze ans, par la famine ; si la cruelle faim qui a terminé, depuis que la France existe, par la mort la plus affreuse, la carrière de plusieurs millions de ses habitans n'a pu donner assez d’activité à leur sensibilité, pour prévenir par les plus simples précautions, d’aussi grandes calamités[1]; si nous sommes enfin touchés des malheurs

  1. La famine n’est pas une simple calamité qui conduit directement à la mort ceux qu’elle atteint ; mais elle prolonge ces supplices par les suites les plus terribles ; car, outre qu’elle fait éprouver toutes les angoisses d’une fin désespérante, elle engendre des maladies cruelles, chroniques, et jusqu’à la rage et la peste. L’histoire ne nous cite qu’un trop grand nombre de ces affligeans exemples.