Page:Rauch - Plan nourricier ou Recherches sur les moyens à mettre en usage pour assurer à jamais le pain au peuple français, 1792.djvu/35

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priver toute une nation du premier de ses droits imprescriptibles, celui de subsister, ou lui en dicter les conditions ? Où réside la toute-puissance qui puisse commander aux estomacs de se rétrécir à volonté, ou prescrire des lois à l’appétit ? Le blé qui forme aujourd’hui le premier et le plus précieux aliment de l’homme, depuis que l’habitude et l’éducation le lui présentent comme indispensable pour vivre, doit il être confondu dans la masse de tous les objets ordinaires de commerce, ou mériter une distinction particulière que semblent lui accorder sa nature et notre plus impérieux besoin ? Des hommes froids ou intéressés, qui n’ont jamais senti les rigueurs des nécessités premières, peuvent seuls avoir l’aveugle courage de confondre le respect dû aux propriétés, comme la première loi qui doit animer une société, avec celui que leur dicte un intérêt particulier... Le principe est rigoureusement juste, mais leur insensibilité le leur fait mal interpréter ; car la première condition, je le répète, à laquelle l’homme pensant se soumet aux lois de la société, est l’assurance immuable de sa subsistance.