Page:Ravaisson - De l’habitude, 1838.djvu/21

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plie de la plus libre activité. Or, cet être, c’est nous-même[1]. Ici commence la conscience, et dans la conscience éclatent l’intelligence et la volonté.

Jusque là, la nature est pour nous un spectacle que nous ne voyons que du dehors. Nous ne voyons des choses que l’extériorité de l’acte ; nous ne voyons pas la disposition, non plus que la puissance. Dans la conscience, au contraire, c’est le même être qui agit et qui voit l’acte, ou plutôt l’acte et la vue de l’acte se confondent. L’auteur, le drame, l’acteur, le spectateur, ne font qu’un. C’est donc ici seulement qu’on peut espérer de surprendre le principe de l’acte.

C’est donc dans la conscience seule que nous pouvons trouver le type de l’habitude ; c’est dans la conscience seule que nous pouvons espérer non plus seulement d’en constater la loi apparente, mais d’en apprendre le comment et le pourquoi, d’en pénétrer la génération, et d’en comprendre la cause.

  1. Aristot., De part. anim., IV, 10. Maine de Biran, passim.