se trouva devant la Grande-Prêtresse, bariolée de costume, extraordinairement fardée et cependant sacerdotale d’attitude et de gestes. Elle fit un signe, et la conductrice du Père s’éclipsa.
La Grande-Prêtresse considéra un instant le Jésuite, incliné sans dire un mot. Puis, d’une voix de contralto, en un français prononcé presque à l’italienne, mais fort correct et élégant :
— Avez-vous, Monsieur, de bonnes nouvelles de Sa Majesté, le roi Louis seizième ? demanda-t-elle.
Le Père sursauta. La Vénusienne alors sourit avec satisfaction et continua :
— Et Sa Sainteté, le Pape Urbain VIII ?… L’Église catholique et romaine me paraît bien malade.
Le P. Loumaigne répliqua :
— Que Votre Seigneurie se rassure. Dieu ne laissera pas périr son Église, quelles que soient les funestes erreurs du siècle.
— De loin, reprit la Grande-Prêtresse, j’aime bien votre pays, votre pays dont le plus grand homme fut et restera certainement une femme que vous honorez bien peu, après l’avoir brûlée : Jeanne d’Arc, la bonne Lorraine.
Le Père était vraiment interloqué. Alors, la Grande-Prêtresse, amusée par l’ébahissement du Jésuite, reprit :
— Ainsi, vous venez auprès de nous de la part des Mascouliné ?