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Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/74

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l’île des femmes

sur la Cité de Vénus, ainsi baptisée par les Marseillais et dont Venusia était le nom véritable. Tous avançaient à la rencontre des mêmes appareils qui venaient du côté de la mer.

En un instant le ciel fut empli de crépitements saccadés, Les grands condors se poursuivaient avec une rage folle. Certains d’entre eux laissaient tomber des bombes longues et noires qui éclataient avec un formidable fracas au ras de l’eau. Des boulets en forme de pain de sucre arrivaient en mugissant et fouillaient profondément la mer. De chaque côté le combat déchaînait des forces fracassantes. De formidables coups de gong, rapides et multipliés, heurtaient brutalement la voûte du ciel et martelaient impitoyablement l’organisme humain. Les marins de La Centauresse se bouchaient les oreilles avec de l’étoupe. On eût dit que des géants dérochaient le ciel et y provoquaient de vastes écroulements.

Le capitaine Le Buric écumait de joie. Le délire de la poudre le mettait dans une surexcitation satanique. C’était toute sa démence pour le moment. Il avait fait hisser le pavillon de guerre, car La Centauresse appartenait à cette catégorie de navires de commerce, que le roi pouvait incorporer à sa flotte de combat. C’est pourquoi la goëlette possédait en tout temps quelques spécimens de canons qui devaient constituer son armement de guerre.

— Bataille ! bataille ! continuait de crier Le Buric, tout en activant le branle-bas.