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Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/77

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l’île des femmes

raient la passe de la rade, lâchaient des rafales épouvantables. D’ailleurs, cette bataille bizarre atteignait maintenant, semblait-il, son maximum de violence. Le crépitement des oiseaux dans le ciel rageait et le roulement de tonnerre produit par les canons s’immensifiait en un vaste orage, sillonné d’éclairs, et d’ondes électriques. Comme La Centauresse passait en arrière de la ligne formée par les trois cuirassés, le capitaine Le Buric observa que chacun était protégé par une sorte de chemise en treillis de fer qui semblait descendre plus bas que la quille.

— Étrange ! étrange ! murmura-t-il ; oui, vraiment, nous ne sommes que des moussaillons, cadédi !

Dans la furie de la bataille, Dyonis oseillait entre l’enthousiasme et l’effroi. Pourtant il était toujours brave et présent sur le pont, où le père Loumaigne promenait sa belle carrure. Encore une fois, Onésime Pintarède, ébranlé, redescendait vers les profondeurs du vaisseau.

L’embarcation approchait toujours de La Centauresse en faisant des signaux avec un pavillon. Le lieutenant Tamarix comprit qu’un messager désirait monter à bord. On descendit l’échelle. Escalade périlleuse. Néanmoins, un jeune marin sortit de la chaloupe et grimpa avec une souple agilité. Tamarix et le chevalier aidèrent l’envoyé de la flotte inconnue à franchir le bastingage. Ô surprise ! on s’aperçut alors que le jeune marin était une femme bronzée, merveilleusement découplée,