Page:Raymond Radiguet, une étude (extrait, Avec la mort tu te maries), 1968.djvu/5

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Parce qu’au ciel on garde l’âge
Que l’on avait en arrivant.
Narcisse se donne la mort :
Il n’y trouve nul avantage.
Sauf la volupté du remords.

S’il tenait tant à son visage.
Que ne pensa-t-il se noyer
Dans la fontaine de Jouvence ?
Toi, colombe dépareillée.

Explique à quoi cela l’avance
De répéter de ce nigaud
La dernière parole ? Écho,
Entendons-nous sous ce bosquet,
Es-tu colombe ou perroquet ?

De ce dernier tu t’autorises.
Paresseuse, pour grimacer
Aux mots d’amour que ton Narcisse
N’eut pas souci de prononcer.

Lui, Narcisse, errant dans les vais
De la mort, et, de roche en roche.
Elle dans la vie, ils se valent.
Ce désœuvrement les rapproche ;
Qu’ils eussent fait un beau ménage !

Les Joues en feu (1925)