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Page:Raymond Vuigner - Comment exploiter un domaine agricole.djvu/17

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doit posséder le cultivateur pour être réellement digne du titre de bon agriculteur et s’assurer le succès ?


Bonne gestion instinctive du cultivateur de métier ; cette gestion serait encore meilleure si elle recevait un complément d’instruction théorique.

— Certains cultivateurs — comme M. Jourdain faisait de la prose — font de l’agriculture sans le savoir. Ils font ainsi, sans s’en douter et sans même y songer, de bonne agriculture, parce qu’un long séjour sur le domaine qu’ils exploitent leur a, de génération en génération, appris à le connaître dans ses moindres détails. Ils se sont rendu compte par une expérience séculaire que leurs terres, pour porter fruits, devaient être travaillées à telle ou telle époque de l’année, labourées plus ou moins profondément, fumées avec des engrais plus ou moins pailleux ou, au contraire, amenés à cet état de décomposition caractéristique que tout agriculteur connait sous le nom de beurre noir. Renseignés sur les dates probables des principaux phénomènes météorologiques qui, au cours des saisons, influent sur les récoltes en terre, ils font en temps voulu leurs semailles, ou exécutent avec à-propos les soins d’entretien, particulièrement les hersages et roulages dont l’intensité et le moment ont une si grande importance pour la réussite des céréales et surtout du blé.

D’un autre côté, ils ont pris l’habitude du bétail et, presque au premier coup d’œil, reconnaissent la bonne vache laitière ou l’animal tendre à l’engraissement. Fréquentant souvent les marchés des environs, ils se sont fait un petit cercle de clients qui les connaissent, savent quelle est la qualité des produits qu’ils trouveront chez eux et, pour ce motif, paient la marchandise à peu près à sa valeur. Par suite de cet ensemble de circonstances, d’instinct pour ainsi dire, et guidé par une longue pratique, l’agriculteur terrien, né sur la glèbe, dirige son entreprise de façon productive : on le dit routinier, et il est certain qu’il semble parfois mériter ce reproche par des préjugés vraiment inconcevables, mais, à côté de cela, que de finesse d’observation et avec quelle prudence ne convient-il pas d’agir avant de renoncer à une vieille coutume longtemps en vigueur dans un pays : l’importance, par exemple, que bien