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Page:Raymond Vuigner - Comment exploiter un domaine agricole.djvu/43

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science, développer dans ce champ en y déterminant un véritable empoisonnement du sol.

D’un autre côté, le cultivateur propriétaire a pour lui un facteur très précieux qui est le temps ; il est de ce chef plus hardi pour confier à la terre d’importants capitaux sous forme d’engrais et d’améliorations foncières, telles que drainages ou irrigations ; la plus-value de récoltes qu’il retire de ces avances le fait rentrer dans l’argent qu’il a déboursé et lui procure en même temps un intérêt rémunérateur. Il n’est point exposé à être obligé de quitter son exploitation, laissant derrière lui des réserves non utilisées, qui seraient tout bénéfice pour son successeur, mais dont il lui serait tenu à lui-même peu de compte, étant données les dispositions actuelles de la législation rurale. Il pourra de même apporter aux aménagements intérieurs de ses bâtiments tous les perfectionnements pratiques dont l’expérience lui démontrera l’utilité : étendre ses hangars pour la mise à l’abri des récoltes, disposer au mieux ses transports de force par voie électrique, que sais-je encore ? Tous les travaux ainsi exécutés lui appartiennent, il peut eILretirer tout l’avantage, et si les circonstances l’obligent à une cessation de culture, la plus-value qui en résulte pour son domaine l’aide encore à rentrer dans ses débours.

Tous ces motifs me semblent militer en faveur de la possession du domaine exploité ; toutefois cette possession n’est pas sans présenter son revers de médaille. Le propriétaire du sol y est attaché de façon presque continue, s’il veut réussir dans son entreprise ; de là résulte pour lui une vie parfois un peu isolée et austère, dont il faut savoir prendre son parti en y apportant, au besoin, les correctifs nécessaires par des abonnements à des publications d’ordre scientifique ou littéraire, des réunions de famille et d’amis. Ce qui est plus sérieux, c’est que,. fixé sur sa terre, le propriétaire ne peut s’en débarrasser dans un moment de crise, il doit par conséquent avoir assez de ressort moral et de ressources financières pour traversersans autre accident qu’un dommage passager une de ces crises aiguës si elle vient à se produire par suite d’une mévente prolongée ou pour tout autre motif. Il lui faut aussi ne pas perdre de vue que l’entretien du domaine constitue par lui-même une lourde