Aller au contenu

Page:Raymond Vuigner - Comment exploiter un domaine agricole.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cation de ses enfants et jouir d’une série d’avantages qui ont bien leur prix. Il ne vient plus alors à la campagne que pour la belle saison, ou aux époques où il est nécessaire de prendre les décisions d’où résulteront la ligne générale de conduite adoptée, la conclusion des marchés, etc. Il n’a plus aucune relation avec le personnel : le régisseur en a tout le soin, il le choisit ou le congédie à son gré. Tout est arrêté d’accord avec lui dans le bureau du chef et contrôlé sur place par une série de visites des champs et des animaux ; puis, le plan tracé, les raisons d’agir de telle ou telle façon données au régisseur, celui-ci passe à l’exécution. Ainsi comprise, l’exploitation d’un domaine agricole ne manque pas d’intérêt, le chef n’en garde même pour lui que les côtés les plus captivants, ceux où se montrent l’esprit d’initiative qui conçoit et l’élaboration de l’idée qui mène à bien l’entreprise conçue par le cerveau du maître et réalisée par le régisseur, véritable outil intelligent dont le propriétaire doit savoir s’assurer le concours actif et dévoué. Ce concours, je me hâte de le dire, est absolument nécessaire : il faut que le régisseur responsable sente très nettement que son intérêt et celui de son patron sont solidaires ; s’il s’imagine qu’il y a antagonisme entre les deux, ilne faut pas lui conserver son emploi, ou bien il faut supprimer les motifs qui l’ont conduit à se faire une pareille opinion, lorsque ces motifs existent autrement que dans son imagination. Faute de prendre l’un ou l’autre de ces partis, le propriétaire s’expose à être trompé : on lui accuse des rendements inférieurs et l’on s’entend avec des négociants peu scrupuleux pour écouler le surplus de récolte dissimulé. J’ai connu des exemples de semblables agissements, lesquels avaient entraîné la tenue d’une comptabilité véreuse ; c’est pourquoi je crois pouvoir les signaler, bien qu’ils soient assez répugnants pour être évités par tout homme consciencieux. Pour ôter à un régisseur jusqu’à la pensée de s’y livrer, l’attribution d’une part dans les bénéfices est assurément le moyen le plus indiqué. Nous verrons par la suite que le bénéfice net annuel est assez difficile à bien établir ; aussi la part de bénéfice peut-elle être avantageusement remplacée par une prime au quintal des principaux produits vendus. Si la prime croît lorsque le nombre de quintaux de