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Page:Raymond Vuigner - Comment exploiter un domaine agricole.djvu/67

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succéder sans posséder par lui-même de cheptel, circonstance qui l’incite à reprendre celui de son prédécesseur. Or il arrive souvent que le fermier entrant même sans cheptel, s’il veut bien reprendre la ferme et les récoltes en terre, ne veut reprendre que cela ; parfois il y ajoute le bétail qu’il peut en général apprécier assez bien, mais il laisse de côté le matériel, d’une part parce qu’il est difficile de se rendre un compte exact de son degré d’usure, d’autre part parce que la machinerie agricole traverse actuellement une période de transformations et d’améliorations intenses qui font que l’on a tout avantage à acheter un outil neuf qui, à quelques exceptionsprès, fait d’ordinaire, avec la même dépense de force, plus et de meilleur travail qu’un vieux. Dans ce cas, le fermier sortant est obligé de procéder à une vente aux enchères de tout ce qui ne lui est pas repris, et si l’on conçoit qu’il hésite devant les aléas d’une telle vente, on conçoit assez bien, par contre, que le nouveau venu tienne à se mettre d’emblée, et souvent pour un prix à peine supérieur, à la hauteur du progrès, abandonnant à un sort problématique une foule d’objets devenus sans utilité.

Entrée en ferme normale.

— Aussi bien, dans le cas le plus ordinaire, cette question ne se pose-t-elle même pas : le fermier sortant se retire à la fin de son bail et le locataire qui prend sa place arrive lui-même avec ses outils et un bétail d’une ferme qu’il vient de quitter normalement ; un contact plus ou moins prolongé entre le nouvel arrivant et celui qui s’en va est alors nécessaire, mais on s’imagine sans peine les froissements que ce contact peut amener, sans parler du gros inconvénient que présente une situation où chacune des parties est en somme à cheval sur deux exploitations. Tout tend donc aujourd’hui à réduire au minimum cette période transitoire qui, il n’y a pas longtemps, était encore de quinze mois en Seine-et-Marne, ainsi qu’il résulte des renseignements publiés par M. A. Rayer, dans son étude sur l’Économie rurale de Seine-et-Marne (déjà citée). L’entrée en ferme avait alors lieu le 1er mai, et le fermier entrant, ne disposant que du tiers des terres, pouvait exécuter seulement les travaux d’été sur la sole de jachères ; le fermier sortant avait devant lui tout le temps nécessaire pour récolter ses céréales d’automne et de printemps et en tirer parti ; il ne