Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/64

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ſe mettre dans leur dépendance. Il étoit indiſpenſable d’offrir à tous les membres de la nouvelle tranſmigration, une propriété où ils puſſent faire valoir leur travail, leur induſtrie, leur argent, en un mot, leurs facultés plus ou moins étendues. On devoit prévoir que des Européens, quelle que fût leur ſituation, ne quitteroient pas leur patrie ſans l’eſpérance d’un meilleur ſort ; & que tromper leur eſpoir & leur confiance à cet égard, ſeroit ruiner la colonie, dont on projettoit les fondemens.

Des hommes tranſportés dans des régions incultes n’y trouvent que des beſoins ; & les travaux les mieux ordonnés, les plus ſuivis ne ſauroient empêcher que ceux qui paſſeront dans ces déſerts pour défricher les terres, ne reſtent dénués de tout juſqu’à l’époque, plus ou moins éloignée, des récoltes. Auſſi la cour de Verſailles, à qui une vérité ſi frappante ne pouvoit échapper, s’engagea-t-elle à nourrir indiſtinctement, durant deux années, tous les Allemands, tous les François qu’elle deſtinoit à la population de la Guyane. Mais cet acte de juſtice n’étoit pas une action de prudence. Il falloit prévoir que les vivres