Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/63

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infinis que le tems amène ; que c’eſt la ſuite des progrès de la ſociabilité, mais non la baſe & le fondement de la ſociété, qui, dans l’origine, veut que tous ſes membres participent à la propriété. Les colonies qui ſont de nouvelles populations & de nouvelles ſociétés, doivent ſuivre cette règle fondamentale. On s’en écarta dès le premier pas, en ne deſtinant des terres dans la Guyane, qu’à ceux qui pourroient y paſſer avec des fonds & des avances pour les cultiver. Les autres, dont on tenta la cupidité par des eſpérances vagues ou équivoques, furent exclus de ce partage des terres. Ce fut une faute de politique contre l’humanité. Si l’on eût donné une portion de terrein à défricher à tous les nouveaux colons qu’on portoit dans cette région nue & déſerte, chacun l’eût cultivée d’une manière proportionnée à ſes forces & à ſes moyens, l’un avec ſon argent, l’autre avec ſes bras. Il ne falloit ni rebuter ceux qui avoient des capitaux, parce que c’étoient des hommes très-précieux pour une colonie naiſſante, ni leur donner une préférence excluſive, de peur qu’ils ne trouvâſſent pas des coopérateurs qui vouluſſent