Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, atlas.djvu/9

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AVERTISSEMENT.

NOus nous acquittons avec empreſſement de l’obligation que nous nous ſommes impoſée, de donner au Public un petit Atlas relatif à l’Hiſtoire Philoſophique & Politique des Établiſſemens & du Commerce des Européens dans les deux Indes.

Ce ſeroit en vain que nous nous appeſanterions ſur l’utilité de cette petite Collection ; il n’eſt point de Lecteur, tant ſoit peu intelligent, qui n’ait déſiré de pouvoir accompagner ſes lectures, de l’inſpection des lieux que l’éloquent Hiſtorien lui fait parcourir. Surpaſſant par la rapidité de ſon ſtile, la viteſſe des vaiſſeaux de nos Conquérans, l’imagination a peine à le ſuivre, la mémoire ſe trouve en défaut ; mais ces inconvéniens diſparoiſſent par la reſſource que nous offrons au Public. Quelle ſatiſfaction d’ailleurs de pouvoir juger par la poſition & la nature des contrées, des pays, des iſles dont il parle, de la juſteſſe des deſcriptions brillantes & pompeuſes qu’il en fait ? de pouvoir apprécier par la facilité ou les obſtacles que préſentent des lieux qu’il montre à l’avidité européenne comme une conquête aiſée, la poſſibilité ou la difficulté de l’exécution ?

Si c’étoit un livre ordinaire, notre entrepriſe ſeroit tout au moins inutile ; mais les premières Éditions promtement épuiſées ſont un ſûr garant que nous ne nous ſommes pas trompés dans le jugement avantageux que nous en avons porté, & par conséquent, que le ſoin que nous avons pris de raſſembler les Cartes qui peuvent en faciliter l’intelligence, ne peut être qu’agréable aux Lecteurs.


On pourroit ſoupçonner que l’Auteur n’a donné à ſon Hiſtoire le titre de Philoſophique que pour en impoſer à un ſiècle enthouſiaſte de tout ce qui porte le nom de philoſophie ; mais à la lecture, il eſt aisé de reconnoître qu’il n’avoit pas beſoin de ce foible ſecours, & que ſi réellement il a voulu donner quelque choſe à la manie de nos jours, ce n’a été que pour rendre plus ſenſibles ſes réflexions en les aſſaiſonant au goût du Lecteur. Nous ne croyons pas non plus que ſon but ait été d’attaquer la Religion ; (c’eſt cependant à quoi ſe réduit en dernière analyſe ce qu’on appelle aujourd’hui Philoſophie) mais nous penſons que la conduite irrégulière & cruelle des premiers Conquérans Européens, leur inhumanité & leur barbarie, trop fidèlement imitées par leurs ſucceſſeurs, ont arraché à l’Hiſtorien ſenſible, des Réflexions qui peut-être n’étoient pas entrées d’abord dans le plan de ſon ouvrage.