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des deux Indes.

Il n’y auroit dans le code entier que la ligne ſur les denations pieuſes, qu’on y reconnoîtroit le doigt du prêtre. Mais quelle, eſt l’utilité des bouffons, des danſeurs, des farceurs à la cour du magiſtrat ? Seroit-ce de le délaſſer de ſes fonctions pénibles, de ſe récréer de ſes devoirs sérieux ?

Combien la formation d’un code civil, ſur-tout pour une grande nation, ne ſuppoſe-t-elle pas de qualités réunies ? Quelle connoiſſance de l’homme, du climat, de la religion, des mœurs, des uſages, des préjugés, de la juſtice naturelle, des droits, des rapports, des conditions, des choſes, des devoirs dans tous les états, de la proportion des châtimens aux délits ! Quel jugement ! quelle impartialité ! quelle expérience ! Le code des Indiens a-t-il été l’ouvrage du génie ou le réſultat de la fageſſe des ſiècles ? C’eſt une queſtion que nous laiſſerons à décider à celui qui ſe donnera la peine de la méditer profondément.

On y traite d’abord du prêt, le premier lien des hommes entre eux ; de la propriété le premier pas de l’aſſociation ; de la juſtice, ſans laquelle aucune ſociété ne peut ſub-