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des deux Indes.

jamais compter ſur ſa vertu. Si elle n’engendre que des filles, ſon époux fera diſpenfé d’habiter avec elle. Elle ne ſortira point de la maiſon ſans ſa permiſſion. Elle aura toujours le ſein couvert. À la mort de ſon mari, il convient qu’elle ſe brûle ſur le même bûcher ; à moins qu’elle ne ſoit enceinte, que ſon mari ne ſoit abſent, qu’elle ne puiſſe ſe procurer ſon turban, ou ſa ceinture, ou qu’elle ne ſe voue à la chaſteté & au célibat. Si elle partage le bûcher avec le cadavre de ſon mari, le ciel le plus élevé ſera ſa demeure ; & elle y ſera placée à côté de l’homme qui n’aura jamais menti.

La légiſlation des Indiens, qu’on trouvera trop indulgente ſur certains crimes, tels que l’aſſaſſinat d’un eſclave, la pédéraſtie, la beſtialité, dont on obtenoit l’abſolution avec de l’argent, paroîtra ſans doute atroce ſur le commerce illicite des deux ſexes. C’eſt vraiſemblablement une ſuite de la lubricité des femmes & de la foibleſſe des hommes ſous un climat brûlant ; de la jalouſie effrénée de ceux-ci ; de la crainte du mélange des caſtes ; des idées folles de continence, accréditées, dans toutes les contrées, parmi