vagues & abſtraites, la jouiſſance des ſenſations qui ont déjà fait leur bonheur ; & la ſimplicité des Indiens dut trouver plus de douceur à vivre ſur une terre qu’ils connoiſſoient, que dans un monde métaphyſique, qui fatigue l’imagination ſans la ſatiſfaire. C’eſt ainſi que le dogme de la métempſycoſe a dû s’établir & s’étendre. En vain la raiſon peu ſatiſfaite de cette vaine illuſion, diſoit que, ſans mémoire, il n’y a ni continuité, ni unité d’exiſtence, & que l’homme qui ne ſe ſouvient pas d’avoir exiſté, n’eſt pas différent de celui qui exiſte pour la première fois ; le ſentiment adopta ce que rejettoit le raiſonnement. Heureux encore les peuples dont la religion offre au moins des menſonges agréables !
Le Shaſter a rendu le dogme de la métempſycoſe plus triſte, ſans doute pour le faire ſervir d’inſtrument & de ſoutien à la morale qu’il falloit établir. C’eſt en effet d’après cette tranſmigration, enviſagée comme punition, qu’il expoſe les devoirs que les anges avoient à remplir. Les principaux ſont, la charité, l’abſtinence de la chair des animaux, l’exactitude à ſuivre la profeſſion de ſes