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des deux Indes.
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procurer quelques avantages. Le ſacrifice étoit d’autant plus facile, que les prédicateurs de l’Alcoran ſouffroient ſans difficulté qu’on alliât les anciennes ſuperſtitions avec celles qu’ils vouloient établir.

Ces mahométans Arabes, apôtres & négocians tout-à-la-fois, avoient encore étendu leur religion en achetant beaucoup d’eſclaves, auxquels ils donnoient la liberté, après les avoir circoncis & leur avoir enſeigné leurs dogmes. Mais comme un certain orgueil les empêchait de mêler leur ſang à celui de ces affranchis, ceux-ci formèrent, avec le tems, un peuple particulier ſur la côte de la preſqu’iſle des Indes, depuis Goa juſqu’à Madras. Ils ne ſavent ni le Perſan, ni l’Arabe, ni le Maure ; & leur idiome eſt celui des contrées où ils vivent. Leur religion eſt un Mahométiſme extrêmement corrompu par les ſuperſtitions Indiennes. Ils ſont courtiers, écrivains, marchands, navigateurs à la côte de Coromandel, où ils ſont connus ſous le nom de Chaliats. Au Malabar, où on les appelle Mapoulès, ils exercent les mêmes profeſſions, mais avec moins d’honneur. On s’y défie généralement de