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des deux Indes.
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pas le tiers de ceux que nous faiſons en moins de ſix mois, duroient-ils quelquefois cinq ans & plus. On ſuppléoit alors à la petiteſſe des navires, par le nombre, & à la lenteur de leur marche, par la multiplication des eſcadres.

Les Égyptiens portoient aux Indes ce qu’on y a toujours porté depuis, des étoffes de laine, du fer, du plomb, du cuivre, quelques petits ouvrages de verrerie, & de l’argent. En échange, ils recevoient de l’ivoire, de l’ébène, de l’écaille, des toiles blanches & peintes, des ſoieries, des perles, des pierres précieuſes, de la canelle, des aromates, & ſur-tout de l’encens. C’étoit le parfum le plus recherché. Il ſervoit au culte des dieux, aux délices des rois. Son prix étoit ſi cher, que les négocians le falſifioient, ſous prétexte de le perfectionner. Les ouvriers employés à le préparer étoient nuds ; tant l’avarice craint les larcins de la pauvreté. On leur laiſſoit ſeulement autour des reins une ceinture, dont le maître de l’attelier ſcelloit l’ouverture avec ſon cachet.

Toutes les nations maritimes & commerçantes de la Méditerranée, alloient dans les