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des deux Indes.
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que l’eſpérance de la fortune attirent de toutes parts. Ces hommes avides conſentirent, pour l’argent qu’on leur donna, pour les promeſſes qu’on leur fit, que leur pays devint l’entrepôt des marchandiſes des Indes. Ils ſouffrirent par corruption, ce que l’intérêt politique de leur état auroit toujours exigé. Les Piſans, les Florentins, les Catalans, les Génois tirèrent quelque utilité de cette révolution ; mais elle tourna ſingulièrement à l’avantage des Vénitiens qui l’avoient conduite. Telle étoit la ſituation des choſes, lorſque les Portugais parurent aux Indes.

Ce grand événement, & les ſuites rapides qu’il eut, causèrent de vives inquiétudes à Veniſe. La ſageſſe de cette république venoit d’être déconcertée par une ligue à laquelle elle ne put réſiſter, & qu’aſſurément elle n’avoit pas dû prévoir. Pluſieurs princes divisés d’intérêt, rivaux de puiſſance, & qui avoient des prétentions opposées, venoient de s’unir contre toutes les règles de la juſtice & de la politique, pour détruire un état qui ne faiſoit ombrage à aucun d’eux ; & Louis XII lui-même, qui de tous ces princes, avoit le plus d’intérêt à la conſervation de Veniſe,