çois, dans le deſſein d’aller faire la guerre en Caſtille ſous le célèbre Cid, dont la réputation les avoit attirés. Les Portugais les invitèrent à les ſeconder contre les infidèles ; les chevaliers y conſentirent, & la plupart même s’établirent en Portugal. L’inſtitution de la chevalerie, une de celles qui ont le plus élevé la nature humaine ; cet amour de la gloire ſubſtitué à celui de la patrie ; cet eſprit épuré de la lie des ſiècles barbares, né des vices même du gouvernement féodal, pour en réparer ou tempérer les maux : la chevalerie reparut alors ſur les bords du Tage, avec tout l’éclat qu’elle avoit eu dans ſa naiſſance en France & en Angleterre. Les rois cherchèrent à la conſerver, à l’étendre, par l’établiſſement de pluſieurs ordres formés ſur le modèle des anciens, & dont l’eſprit étoit le même ; c’eſt-à-dire, un mélange d’héroiſme, de galanterie & de dévotion.
Les rois élevoient encore l’eſprit de la nation, par la ſorte d’égalité avec laquelle ils traitoient la nobleſſe, & par les limites qu’ils donnèrent eux-mêmes à leur autorité. Ils aſſembloient ſouvent les états-généraux,