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Histoire philosophique
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Il ne faut pas chercher ailleurs les cauſes qui, à la Chine, arrêtent les progrès du deſpotiſme. Ces révolutions fréquentes ſuppoſent un peuple allez éclairé pour ſentir que le reſpect qu’il porte au droit de la propriété, que la ſoumiſſion qu’il accorde aux loix, ne ſont que des devoirs du ſecond ordre, ſubordonnés aux droits impreſcriptibles de la nature, qui n’a dû former des ſociétés que pour le beſoin de tous les hommes qui les compoſent. Ainſi, lorſque les choſes de première néceſſité viennent à manquer, les Chinois ne reconnoiſſent plus une puiſſance qui ne les nourrit pas. C’eſt le devoir de conſerver les peuples, qui fait le droit des rois. Ni la religion, ni la morale, ne dictent d’autres maximes à la Chine.

L’empereur fait qu’il règne ſur une nation qui n’eſt attachée aux loix qu’autant qu’elles font ſon bonheur. Il fait que s’il ſe livroit un moment à cet eſprit de tyrannie, ailleurs ſi commun & ſi contagieux, des ſecouſſes violentes le précipiteroient du trône. Ainſi placé à la tête d’un peuple qui l’obſerve & qui le juge, il ne s’érige pas en un phantôme religieux, à qui tout eſt permis. Il ne déchire pas