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des deux Indes.
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peuple la vanité la plus ridicule. Ne dit-il pas qu’il a deux yeux, que nous n’en avons qu’un, & que le reſte de la terre eſt aveugle ? Ce préjugé, l’exceſſive population, l’indifférence pour les ſouverains, qui peut-être en eſt une fuite, l’attachement opiniâtre à ſes uſages, la loi qui lui défend de ſortir de ſon pays : toutes ces raiſons doivent le fixer pendant une ſuite indéfinie de ſiècles dans ſon état actuel. Apprend-on quelque choſe à celui qui croit tout ſavoir, ou qui mépriſe ce qu’il ignore ? Comment enſeigner la ſageſſe à celui qui s’eſtime le ſeul ſage ? Comment perfectionner celui qui ſe tient pour parfait ? Nous oſons le prédire, le Chinois ne s’améliorera, ni par la guerre, ni par la peſte, ni par la famine, ni par la tyrannie plus inſupportable, & par cette raiſon même plus propre que tous les fléaux réunis à régénérer leur nation en l’accablant.

12°. Nous ignorons ſi les autres peuples de l’Univers ſervent beaucoup aux Chinois, mais à quoi les Chinois ſont-ils bons pour le reſte de la terre ? Il ſemble que leurs panégyriſtes aient affecté de leur donner une grandeur coloſſale, & de nous réduire à la