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Histoire philosophique
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des vents oppoſés ſoufflent des côtes de l’Inde à celles de l’Afrique.

XXIV. Corruption des Portugais dans l’Inde.

Tant d’avantages pouvoient former une maſſe de puiſſance inébranlable ; mais les vices & l’ineptie de quelques commandans, l’abus des richeſſes, celui de la puiſſance, l’ivreſſe des ſuccès, l’éloignement de leur patrie, avoient changé les Portugais. Le fanatiſme de religion qui avoit donné plus de force & d’activité à leur courage, ne leur donnoit plus que de l’atrocité. Ils ne ſe faiſoient aucun ſcrupule de piller, de tromper, d’aſſervir des idolâtres. Ils penſoient que le pape, en donnant aux rois de Portugal les royaumes d’Aſie, n’avoit pas refusé à leurs ſujets les biens des particuliers. Tyrans des mers de l’Orient, ils y rançonnoient les vaiſſeaux de toutes les nations. Ils ravageoient les côtes ; ils inſultoient les princes ; & ils devinrent bientôt l’horreur & le fléau des peuples.

Le roi de Tidor fut enlevé dans ſon palais, & maſſacré avec ſes enfans, qu’il avoit confiés aux Portugais.

À Ceylan, les peuples n’y cultivoient plus la terre que pour leurs nouveaux maîtres, qui les traitoient avec barbarie.