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Histoire philosophique
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intrépides qui trouvent la mort ſur un ſol étranger, ou qui la font ſouffrir à ſes innocens & malheureux habitans. Sers ou meurs, diſoient inſolemment les Portugais à chaque peuple qui ſe trouvoit ſur leurs pas rapides & enſanglantés. Il eſt doux d’entrevoir la chute de cette tyrannie. Il eſt conſolant d’eſpérer le châtiment des trahiſons, des meurtres, des cruautés qui la précèdent ou qui la ſuivent. Loin de m’affliger de la décadence de ces farouches conquérans, c’eſt de la ſage politique de Juan de Caſtro que je m’affligerois, parce qu’elle ſemble promettre la rennaiſſance de ce que le vulgaire appelle l’héroïſme des Portugais, & que peut-être moi-même, entraîné par l’habitude, je n’ai pas traité avec l’indignation que je reſſentois. Si cela m’eſt arrivé, j’en demande pardon à Dieu ; j’en demande pardon aux hommes.

Barbares Européens ! l’éclat de vos entrepriſes ne m’en a point imposé. Leur ſuccès ne m’en a point dérobé l’injuſtice. Je me ſuis ſouvent embarqué par la pensée ſur les vaiſſeaux qui vous portoient dans ces contrées lointaines : mais deſcendu à terre avec vous,

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