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des deux Indes.
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des vertus mâles & des principes auſtères qui avoient posé les fondemens de ſon élévation ; lorſque les loix eurent perdu leur force, ſes armées leur diſcipline, ſes citoyens leur amour pour la patrie ; les Barbares, que la terreur du nom Romain avoit pouſſés vers le Nord, & que la violence y avoit contenus, ſe débordèrent vers le Midi. L’empire s’écroula de tous côtés, & ſes plus belles provinces devinrent la proie des nations qu’il n’avoit jamais ceſſé d’avilir ou d’opprimer. Les Francs, en particulier, lui arrachèrent les Gaules ; & la Batavie fit partie du vaſte & brillant royaume que ces conquérans fondèrent dans le cinquième ſiècle.

La nouvelle monarchie éprouva les inconvéniens preſque inséparables des états naiſſans, & trop ordinaires encore dans les gouvernemens les plus affermis. Tantôt elle obéit à un ſeul prince, & tantôt elle gémit ſous le caprice de pluſieurs tyrans. Elle fut toujours occupée de guerres étrangères, ou en proie à la fureur des diſſenſions domeſtiques. Quelquefois elle porta la terreur chez ſes voiſins ; & plus ſouvent, des peuples venus du Nord portèrent le ravage dans ſes