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Histoire philosophique
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appelle les citoyens au pied des autels ; il ſe revêt de ſes ornemens les plus ſomptueux ; il élève les mains vers le ciel ; il en implore la bienfaiſance pour l’avenir, & lui témoigne la reconnoiſſance pour le paſſé, par des chants d’allégreſſe. Au ſortir du temple, la fête civile commence, & la joie le montre ſous un autre aſpect. Les tribunaux de la juſtice ſont fermés. Le bruit qui a ceſſé dans les ateliers, éclate dans les rues & ſur les places publiques. Les inſtrumens invitent à des danſes, où les deux ſexes, où les différens âges ſe confondent. Les pères & les mères ſe font un peu relâchés de leur sévérité. Le vin coule dans les carrefours. Des illuminations ſuppléent à l’abſence du ſoleil, & reſtituent au plaiſir ce que la lumière du jour ôtoit à la liberté. Avec quelle impatience ces ſolemnités ne ſont-elles pas attendues ? On en jouit long-tems d’avance. C’eſt un ſujet d’entretien longtems après qu’on les a célébrées. Et c’eſt ainſi qu’on fait oublier au peuple ſa peine journalière, s’il eſt malheureux ; qu’on redouble ſon amour pour les auteurs de la félicité, s’il eſt heureux ; & qu’on entretient dans les âmes une étincelle d’enthouſiaſme