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Histoire philosophique
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eſt obligé de ſolder avec lui en piaſtres. De cet argent, de l’or qu’on ramaſſe dans ſes rivières, il a formé un tréſor qu’on ſait être immenſe. Un ſeul vaiſſeau Européen pourroit s’emparer de tant de richeſſes ; & s’il avoit quelques troupes de débarquement, ſe maintenir dans un poſte qu’il auroit pris ſans peine. Il paroît bien extraordinaire qu’une entrepriſe ſi utile & ſi facile, n’ait pas tenté la cupidité de quelque aventurier.

Une injuſtice, une cruauté de plus, ne doivent rien coûter à des peuples policés, qui ont foulé aux pieds tous les droits, tous les ſentimens de la nature, pour s’approprier l’Univers. Il n’y a pas une ſeule nation en Europe, qui ne penſe avoir les plus légitimes raiſons pour s’emparer des richeſſes de l’Inde. Au défaut de la religion, qu’il n’eſt plus honnête d’invoquer, depuis que ſes miniſtres l’ont eux-mêmes décréditée par une cupidité & une ambition ſans bornes, combien ne reſte-t-il pas encore de prétextes à la fureur d’envahir ? Un peuple monarchiſte veut étendre au-delà des mers, la gloire & l’empire de ſon maître. Ce peuple, ſi heureux, veut bien aller expoſer ſa vie au bout d’un autre