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Histoire philosophique
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ſur ces étrangers vos flèches empoiſonnées. Puiſſe-t-il n’en reſter aucun pour porter à leurs citoyens la nouvelle de leur déſaſtre !

Mais hélas ! vous êtes ſans défiance, & vous ne les connoiſſez pas. Ils ont la douceur peinte ſur leurs viſages. Leur maintien promet une affabilité qui vous en impoſera. Et comment ne vous tromperoit-elle pas ? c’eſt un piège pour eux-mêmes. La vérité ſemble habiter ſur leurs lèvres. En vous abordant, ils s’inclineront, ils auront une main placée ſur la poitrine. Ils tourneront l’autre vers le ciel, ou vous la préſenteront avec amitié. Leur geſte ſera celui de la bienfaiſance ; leur regard celui de l’humanité : mais la cruauté, mais la trahiſon ſont au fond de leur cœur. Ils diſperſeront vos cabanes ; ils ſe jetteront ſur vos troupeaux ; ils corrompront vos femmes ; ils séduiront vos filles. Ou vous vous plierez à leurs folles opinions, ou ils vous maſſacreront ſans pitié. Ils croient que celui qui ne penſe pas comme eux eſt indigne de vivre. Hâtez-vous donc, embuſquez-vous ; & lorſqu’ils ſe courberont d’une manière ſuppliante & perfide, percez-leur la poitrine.

Ce ne ſont pas les repréſentations de la juſtice