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des deux Indes.
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un gouverneur qui eut un palais, des gardes, un extérieur impoſant. La compagnie crut devoir s’écarter des principes d’économie qu’elle avoit ſuivis juſqu’alors. Elle étoit perſuadée que les Portugais avoient tiré un grand avantage de la cour brillante que tenoient les vice-rois de Goa ; qu’on devoit éblouir les peuples de l’Orient pour mieux les ſubjuguer ; & qu’il falloit frapper l’imagination & les yeux des Indiens, plus aisés à conduire par les ſens que les habitans de nos climats.

Les Hollandois avoient une autre raiſon, pour ſe donner un air de grandeur. On les avoit peints à l’Aſie comme des pirates, ſans patrie, ſans loix & ſans maître. Pour faire tomber ces calomnies, ils proposèrent à pluſieurs états, voiſins de Java, d’envoyer des ambaſſadeurs au prince Maurice d’Orange. L’exécution de ce projet leur procura le double avantage d’impoſer aux Orientaux, & de flatter l’ambition du ſtathouder, dont la protection leur étoit néceſſaire pour les raiſons que nous allons dire.

Lorſqu’on avoit accordé à la compagnie ſon privilège excluſif, on y avoit aſſez mal-