Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v1.djvu/454

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
Histoire philosophique
432

mal-ſaines. Elles ne ſuffiſent pas même pour y conſerver, & encore moins pour y rétablir la ſanté. Auſſi les gens opulens ont-ils ſur des montagnes très-élevées, qui terminent la plaine, des habitations où ils vont pluſieurs fois, dans l’année, reſpirer un air frais & ſain. Malgré les volcans qu’on y voit fumer continuellement, & qui occaſionnent d’aſſez fréquens tremblemens de terre, les malades ne tardent pas à y recouvrer leurs forces ; mais pour les perdre de nouveau après leur retour à Batavia.

Cependant la population eſt immenſe dans cette cité célèbre. Indépendamment des cent cinquante mille eſclaves, diſpersés ſur un vaſte territoire, perdu en objets d’agrément, ou conſacré à la culture, il y en a beaucoup d’employés dans la ville même au ſervice domeſtique. C’étoient originairement des hommes indépendans, enlevés la plupart par force ou par adreſſe, aux Moluques, à Célèbes, ou dans d’autres iſles. Cette atrocité a rempli leurs cœurs de rage ; & jamais ils ne perdent le déſir d’empoiſonner ou de maſſacrer des maîtres barbares.

Les Indiens libres ſont moins aigris. Il s’en trouve