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des deux Indes.
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l’art y a naturalisées, les tables ſont ſurchargées de ce que l’Europe & l’Aſie fourniſſent de plus rare & de plus exquis. On y prodigue les vins les plus chers. Les eaux même de l’iſle, regardées avec raiſon comme mal-ſaines ou peu agréables, ſont remplacées par celles de Selſe, arrivées avec de grands frais du fond de l’Allemagne.

Une diſſipation ſi générale chez un peuple que, dans le reſte du globe, on trouve ſi économe & ſi laborieux, ſemble annoncer une corruption qui n’a plus de bornes. Cependant les mœurs ne ſont guère plus libres à Batavia que dans les autres établiſſemens formés par les Européens aux Indes. Les liens même du mariage y ſont peut-être moins relâchés qu’ailleurs. Il n’y a que des hommes ſans engagement qui ſe permettent d’avoir des concubines, le plus ſouvent eſclaves. Les prêtres avoient cherché à rompre le cours de ces liaiſons toujours obſcures, en refuſant de baptiſer les enfans qui leur devoient le jour : ils ſont moins sévères, depuis qu’un charpentier qui vouloit que ſon fils eut une religion, ſe mit en diſpoſition de le faire circoncire.