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des deux Indes.
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ils en ont confié l’adminiſtration, ſont de malhonnêtes gens dont le projet conſtant eſt d’ordonner, de diſpoſer de tout à leur gré, de piller, ſans s’expoſer à aucune ſorte de réclamation ; ou que s’ils s’expoſent au ſoupçon de malverſation, c’eſt pour ſe garantir du reproche d’impéritie. Nous ſommes, ſe doivent-ils dire à eux-mêmes, nous ſommes dans les mains d’ignorans ou de fripons ; & de ces deux ſuppoſitions, quelle que ſoit celle qu’ils adoptent, quel en doit être l’effet ? La méfiance des actionnaires, le décri des actions & la décadence de la compagnie. Quand on réfléchit un peu profondément ſur cette conduite ténébreuſe, on ne ſait qui il faut blâmer davantage, ou des propriétaires indolens qui peuvent demander d’autorité un compte à des gens qui ne ſont, après tout, que leurs commettans, & qui certes ne ſe trouveront jamais enveloppés dans leur ruine ; ou de la tyrannie inſolente de ces repréſentans, à qui leurs concitoyens ont confié leur fortune, & qui en uſent comme de la leur ; ou de la connivence perfide des chefs de l’état, qui n’oſent, ou ne peuvent, ou ne veulent pas interpoſer leur autorité dans une